[ Celle qui écrivait trop ]
Janis Joplin : Trust me.
Le Capitaine. Elle se remaquille, avec des gestes de guèpe affolée, elle fronce les sourcils et ses yeux font semblant de ne pas avoir pleuré. Elle serre un peu les lèvres, se mord un peu parfois, plaque ses mains sur ses joues en poussant des soupirs. Elle change de chanson, sans arrêt. Elle gueule. Se regarde dans le miroir, ajuste ses cheveux, efface l'humidité de sa joue, sourie et prend son sac. On met la chaire dans les canons. Elle oubliera. Les Livres. Ils ressemblent aux cabanes en bois de l'enfance. Ils ferment les rideaux de la pensée sournoise et vous avalent comme ça sans vous dire qui vous êtes. Les titres s'échangent entre les bouches et les oreilles, les auteurs ne meurent absolument jamais, aucun amant ne peut faire ce qu'un livre vous fait. Les dents du haut mordent la lèvre du bas, l'index tourne la page. Elle oubliera. Le Boucanier Milo. Ramène les choses au clair avant que l'on s'endorme. C'est une voix qui vient dire te dire que tu n'es qu'un caillou dans un tas de caillou, tu n'es pas une étoile, tu peux briller quand même, tu es comme n'importe quel humain, tu es comme le plus bète et aussi le plus fort, tu vas briller un peu et tu ne changeras pas le monde, tu creveras d'amour pour des gens qui n'aiment pas, tu ne dérangeras pas, tu n'éblouieras pas, tu es le caillou dans la chaussure de personne et tu brillera seulement quand le monde dormira. C'est une voix qui vient te dire que si la vie ne te suffit pas, tu peux encore chercher ailleurs et que personne ne t'en voudra. Quand tu lui parles elle se tait à chaque fois, et par un miracle étonnant c'est comme si ce silence était seul à comprendre. Ce silence te tend alors la main et t'invite à le suivre. Elle oubliera.