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Plum et les Mille Pourpre
16 mai 2009

[ Generation perdue ]

polaroidrinepaix

Caspa : Cokney Violin

Le soleil que rien ne dérange s'étale sur les bières en cadavre. Les samedi matin se ressemblent, un sac poubelle et du volume. Alors quoi? On se met le crâne en miettes pour se rendre le coeur aveugle. Si on observe d'un peu plus prés, on voit des silhouettes différentes.

Le garçon assis sur le canapé ferme les yeux, il simule un sommeil que l'assemblée ne peut pas lui reprocher, la semaine se termine et les bouteilles sont vides, ce garçon a le droit de dormir, en fait il ne dort pas. Il a le coeur malade, et quand il analyse les raisons de son malaise il se trouve stupide, il simule le sommeil pour se perdre dans quelque chose ou la pensée s'absente, il aimerait que la vie ne soit plus qu'une sensation. Il a eu l'existence douce et froide par moments, quand il était morpion on lui lisait un conte pour qu'il puisse dormir. L'équivalent de ce conte aujourd'hui, c'est une dizaine de joints et quelques bières qu'il ne compte pas. Pour moi, c'est un exemple. Ce garçon depuis quelques jours ne trouve plus de conversations. C'est pourtant un garçon passionné, incollable dans le milieu du cinéma ou de la littérature, c'est un garçon qui aime y croire. Un instant je me vois en lui. Nous avons vingt ans, les gens disent que c'est un bel âge, en fait c'est autre chose. J'essaye d'analyser la situation maintenant, avant de grandir trop, je voudrais me tatouer dans la peau que vos histoires sont des mensonges. C'est l'âge ou les contes de fées partent en miettes. Ca m'échappe mais je vais tenter d'ajouter encore des mots là-dessus. Le garçon sait pertinament qu'en fermant les yeux il n'aura plus l'obligation de parler, d'être là, d'avoir un avis sur les conversations qui s'enjambent dans la pièce. Dans cette pièce il y a quelque chose que tout le monde peut sentir mais dont personne ne parle.

En fait, nous ne sommes pas des protagonistes imbéciles. Bien que la réalité ne soit pas notre speed nous n'avons pas cessé de vouloir la comprendre, et ce garçon est tout à fait capable de comprendre que la vie est ainsi, pas autrement. Seulement, ce garçon n'est pas d'accord. Il a vécu ses plus beaux moments dans les livres et les films, aujourd'hui on lui prouve que la vie n'est pas celle qu'il avait attendu. Dans le conte de son enfance le prince et la princesse tombaient amoureux, et on ne voyait pas la suite parce que le livre se refermait, laissant son imagination faire des feux d'artifice avec cet amour qui restait à définir et qui ne pouvait être qu'un trésor merveilleux.

Le garçon qui simule le sommeil pense beaucoup trop, ses amis lui disent d'arrêter, mais aprés tout qui est-ce que ça dérange à part lui? Les gens sont pour l'euthanasie, mais personne ne veux nous laisser mourir en paix quelques instants. Tous ces gens qui vous veulent du bien, il faudrait leur donner des giffles et leur dire de fermer leurs gueules. Tous ces gens qu'on ne voudrait pas décevoir, ces gens pour qui on se lève le matin, ces gens pour qui on va à l'école, ces gens qui veulent être fier de vous, il faudrait les faire taire. Vivre pour soi ou bien mourir.

Je me rends compte que j'ai fais le choix d'être malheureuse pour avoir quelque chose à écrire. Ce constat donne envie de rendre la plume et de simplement vivre, mais c'est une envie qui n'a pas de sens. Je me rend compte que si nous n'avons pas de destin, nous avons malgré tout un rôle et qu'on creverait plutôt que d'en changer. J'aimerais que Charles Baudelaire puisse me faire un calin en me disant ça va passer. Au fond je sais trés bien.

Pourtant j'en ai connu des contes de fées, tu vois je me souviens. J'ai la gueule de la fille qui s'est donné n'importe quand, voir à n'importe qui, pourtant j'ai des souvenirs qui ressemblent à des rêves et aucun regret à jeter. Des histoires qui ont pris fin en deux temps, trois mouvements, qui n'ont jamais servi à rien, des sourires de passage qui n'ont rien de conventionnel. Et j'ai compris que les princesses étaient des putes, les princes charmants ? Des trouillards remplis d'égo.

Arthur Rimbaud avait raison, mais ça ne l'a pas aidé. On croit qu'en comprenant les choses on va les vivre mieux. On croit qu'on peut passer au travers du filet. En fait on ne va pas changer le monde et personne ne réinventera l'amour. En fait ça ne marche pas et le garçon ferme les yeux pour s'absenter un peu et penser à tout ça. Penser trop le rend mal à l'aise mais il ne peut pas s'empecher de faire ça, parce qu'il a l'impression d'avancer sans bouger, il enfile des mots sur une corde comme un collier de perles et il a l'impression que ça n'est pas du temps perdu. Quand je lui dis qu'on va s'en sortir, il ouvre un oeil et il me dit Tu crois ? Je me vois en lui un instant, et je réponds que oui, je crois.

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Commentaires
G
"Et j'ai compris que les princesses étaient des putes"... ça a le mérite d'être clair. Malheur ou bonheur, on ne peut compter que sur soi. Il suffit peut-être de choisir le bon conte, de ne pas s'en compter et, surtout, de ne pas s'endormir...
Plum et les Mille Pourpre
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