[ Insomnia ]

C'est là que j'ai puisé mes forces quand le monde était dur et il n'a pas changé mais nous avons grandis. On est devenus forts, ça on est bien contents, on est devenus grands on peut toucher le ciel, ah ça on est contents. C'est là que tout le monde a pu puisé ses forces, bien evidemment ça fait peur et tout le monde s'en branle mais ça s'appelle le coeur, ça vous ment facilement ça effraie bien des gens, ça pue la mort parce que ça se déguise et ça pue la honte parce que ça ne dure pas. La vie est comme ça elle scintille et s'en va.

Comme on déborde, on finit tous par recycler cette energie batarde qu'on ne sait plus ou donner. On détourne la fonction des choses qui n'en ont pas et ce qui est vraiment drole c'est que personne ne peut y échapper. On le déguise en force, on en fait des images, des instants ou des patisseries, des plans sur la comète.  J'en veux trop et tant pis, le monde n'a pas changé grace aux sages et polis, ni grace aux satisfaits.

Les nuits blanches font toujours trop écrire, l'insomnie a vraiment des allures de trainée. Maintenant il faut que je revienne, que je ramasse les débris de moi qui trainent sur ton épaule. Que je deserte enfin le cargot noir, ses combines, ses cafards. C'est mon dernier joint. Réveille toi, endors toi, fais quelque chose. Va trembler dans les draps, tu ne vas pas encore écrire, tu ne vas pas faire ça. Les caravanes arrivent, la môme accroche son sac d'étoiles. Tu ne vas pas faire ça. Mr. Circus allume son gros cigare et les lampions scintilles. Deux grandes voiles noires et blanches se dressent à l'horizon et les lumières s'allument dans les chaumières cobaltes. Tu ne vas quand même pas faire ça.

Je pense à la terre dans les ventres. Je pense a la belle esclave du quartier Sacré Coeur II. Je pense aux yaourts bio dans les grandes surface. Je pense à l'industrie du shampoing. Je pense à des soldats qui se tuent dans des guerres qui ne leurs ressemblent pas. Je pense à l'épaisseur étrange et ridicule des steack hachés dans les fast-food. Je pense a des maladies au nom absurde qui déchirent des vies comme on craquerai une allumette. Je pense aux personnages sur les paquets de céréales. Je pense aux centrales nucléaires et aux gosses de riches. Tu ne vas quand même pas faire ça.

J'ai regagné le cargot noir.