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Plum et les Mille Pourpre
8 juin 2009

[ Mon semblable ]

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Les Elles : Moi j'aime bien.

Il n'a pas de visage alors il prend parfois le votre. Il parle avec vos lèvres et me regarde avec vos yeux, c'est quand j'ai l'air de vous aimer. Il peut bien se permettre de nous trouver stupide, il est si loin de ça tu vois, si loin. Il n'a pas de visage, on m'a déjà demandé et je ne pouvais pas répondre, on s'est souvent moqué, de moi à cause de lui, mais maintenant c'est bien fini. Il est dans chaque vitre de chaque bus, oh c'est bien loin d'être un humain, il est trop loin.

Il ne ressemble à rien de ce que Dieu a pu créer, il est bien moins dégueulasse que tout ça, que tout moi. Même ce pronom "il" ne lui va pas bien, comme s'il pouvait avoir un genre, un nombre, il n'est qu'une sensation batarde. Il n'a pas de maison alors il prend parfois la mienne, il n'a pas de coeur alors il ne peut pas m'aimer, il n'est pas le filet qui m'attrappe quand je tombe, je dis ça parce que je suis déjà tombé. Il a fait tellement de jaloux que je ne les compte plus, quand le vent me caresse la joue il est ailleurs encore. Vous le connaissez à merveille, vous avez le même, vous êtes lui tout comme moi.

C'est du transitoire qu'on sort l'eternel, les bouches grandes ouvertes de rire ne vont pas en mourir, et pourquoi faut-il avoir l'air stupide quand on est convaincus? Je ne suis pas la seule à me dédoubler sans arrêt pourtant l'evidence ne parait pas toucher tout le monde. La quète d'un moi qui s'efface dans les confusions, lorsqu'on place son âme entière dans les petits objets ou les grandes relations, qui ne se sentirait pas con? Il regarde tout ça sans regard et sans juge, il est le bruit que font les dés quand on les secoue dans la main avant de les jeter. Ses actes n'ont de conséquence que lorsque je les interprète, il est certain qu'il a fait ses premiers pas sur mon nombril avant toute chose, et j'ai consience de la honte que je devrais traverser de l'avoir inventé pour moi, pour mon plaisir et mes questions, lorsque la petite silhouette de mon enfance n'arrivait pas à dormir. Lorsqu'elle croyait encore qu'on viendrait la chercher.

Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère, ne suis-je pas un faux accord, dans la divine symphonie, grace à la vorace Ironie, qui me secoue et qui me mord? Voilà ce que dit le poète dans sa peau dans sa quète. C'est un monstre exigent et c'est vrai que je lui ressemble, je n'ai pas ses talents mais chaque matin je mange ses cendres. Le veritable ennui pour cet homme de chair et de feu qui est sans doute mort malheureux, c'est qu'aujourd'hui en étudiant son oeuvre on exige une introduction, une accroche, un plan détaillé de son génie avec citation à l'appui. L'ennui pour cet homme c'est que les milliers de mots qu'il a craché pour vivre n'ont jamais rien changé que la couleur d'un ciel que personne ne regarde. Je voudrais monter sur la table trop étroite de l'amphi-théatre, et demander bien haut si quelqu'un comprend l'importance de ces vers écris à la sueur de l'homme, je voudrais demander qu'on lâche un peu les brouillons et les plans détaillés. J'entends le bruit des plumes qui grattent frénétiquement. Il y a cette phrase et je vois que Milo se cache dessous pour me faire sourire. Il y a cette phrase qu'il faudra analyser, qui sera sans doute sur dix points, qui sera sans doute ecorchée par mille étudiants me ressemblant un peu : Je suis le couteau et la plaie, ma fonction est extra-humaine.

Forcément, je n'ai plus peur de rien quand je lis ces mots là. Forcément c'est les consonnes et les voyelles du substantif "poésie" qui me donne toujours envie de rester. Quand je suis sortie de là j'ai fais taire toutes les voix qui me hantent, celles qui n'ont pas de visages et tout ça, j'ai mis du scotch quelques instants. J'ai regardé la fumée grise dans le ciel gris. La conscience du réel c'est quand on sent le monde sous ses pieds. J'ai eu des pensées pour celui qui ressemble à un petit garçon de flammes qui court toujours dans tous les sens, qui rit, qui râle, qui existe et que je connais. Je me suis dis que je l'aime bien. J'ai fais un sourire pour lui dans le vent, parce que j'aime bien faire ça. Ensuite j'ai mis les écouteurs dans mes oreilles mais j'ai du les abîmer parce qu'on dirait qu'il y a du sable dans les chansons depuis quelques temps. Je me suis demandé sur quel genre de personnage j'aimerai être interrogé la prochaine fois, et la réponse n'a pas mis longtemps à parvenir parce que ce que j'aimerai vraiment, c'est qu'un jour à l'école on parle de Keeps, de Soom, ou de Perrin. Encore un sourire envoyé au ciel. Voilà quelque chose qui aurait la classe.

Je veux que les enfants de l'univers soient autre chose que des erreurs.

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Commentaires
P
Comme Melody Nelson, Yvette Horner, comme un Renard, un feu de bois, une migraine, le nez de Bozo, les communistes, certains poissons. Mesdames et Messieurs, j'ai nommé... Milo, l'Invincible Tarlouse qui pue le poulpe. Oh ça va hein, vous aussi vous parlez avec vous-même des fois.<br /> <br /> Raymond tu viens le 26? Tes rouflaquettes manquent à mes tartiflettes.
R
Comme Melody Nelson, ou comme Yvette Horner?
P
Un indice, il a les cheveux rouges.
R
mais qui est ce?
Plum et les Mille Pourpre
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