J'abandonne.
Alors c'est donc ça ? J'ai le rôle ingrat et confortable de la peste, le dimanche, comme le reste.
Jamais je ne pourrais me considérer comme mobilisée, engagée ou active, pour la simple est bonne raison que les choses comme la guerre, la corruption, les meurtres et la tortures sont trop ancrés en moi pour que je puisse un jour leur cracher au visage. Humaine, trop humaine et le ciel est bleu, c'est pour lui que j'y crois.
Dans la foule oppréssante d'une capitale haletante je trouve la folie et l'horrible moiteur d'un peuple au dos courbé qui me ressemble trop, la mèche s'allume et se vend dans mon crâne, ma gorge et mon ventre font le décompte des minutes et mes yeux fantasment l'explosion iminente des corps abominables. La chose qui chatouille entre l'estomac et le coeur n'a rien demandé au fond, c'est pour ça entre autres que, j'abandonne.
Seule au fond d'un panier de citrons pourris dégueulasses, j'allume un joint et le soleil vient me nettoyer de la crasse que j'ai accumulé en aimant trop sans chercher loin.
Entre Clignancourt et Pigalle je trouve un refuge un peu sombre et sincère, les yeux de Soom se font lumière. Il y a des rats obscurs qui lui courent sur le peau et de l'amour à l'état pur qui pèse lourd sur son dos, je me souviens alors pourquoi je me suis sentie si bien en compagnie du magicien. Comprenez. Dans un monde ou le soleil et les sourires sont de mise, dans un monde qui se voudrait propre et qui étincelle de toute sa pourriture, cetains n'ont pas envie. Comprenez. Silencieux et souillés, des humains trop sensibles ont mysthifié leur crasse pour bouffer le soleil, des humains qui ne veulent pas en être et qui se compliquent l'existence en mélangant l'absinthe avec l'essence, pour allumer le feu des folies impensables.
Là ou les choses sont belles, c'est qu'on est jamais seul que lorsqu'on le demande. Les coïncidences se cueuillent à la pelle, on se retrouve dans les erreurs d'un autre, dans les yeux de grand-mère, on se retrouve dans la courbure d'un inconnu. On aimerait parfois n'être qu'un mystère à la con, un problème pour la science, on se déguise en grande question et on s'invente des impatiences. Mais laisse moi rire.
Entre Clignancourt et Pigalle, y'a de la poésie dans les raviolis et des cauchemars sous l'oreiller. Moi j'adore ça quand les monstres me bercent je peux enfin dormir, une main noire sur l'épaule du magicien soupir. J'abandonne, et je passe la main.